- SAINTE-CHAPELLE (Paris)
- SAINTE-CHAPELLE (Paris)SAINTE-CHAPELLE, ParisConstruite sous le règne de Saint Louis, la Sainte-Chapelle de Paris est l’un des monuments qui manifeste le mieux, et dans tous ses aspects, l’évolution de l’art à cette époque. Élevée par le roi, à l’abri de l’enclos de son palais de la Cité, pour abriter les reliques de la Passion, elle était entièrement achevée en 1248 pour la consécration. On a cru pouvoir affirmer que les plans étaient dus à Pierre de Montreuil, l’architecte d’une partie de la nef de Saint-Denis et du bras sud du transept de Notre-Dame de Paris. Quel que soit l’auteur de la Sainte-Chapelle, on se doit d’admirer avec quelle perfection il a réalisé son œuvre. Se pliant à la nécessité de construire un édifice à deux étages puisqu’elle était aussi chapelle palatine, il dressa sur un soubassement solide et qui ne manque pas de rigueur (la chapelle basse) une châsse de verre d’une remarquable légèreté (la chapelle haute). De puissants contreforts qui montent du sol scandent régulièrement l’édifice extérieur et ont permis de supprimer entièrement les murs à l’étage pour établir les immenses parois de verre. L’intérieur offre cette même opposition: la chapelle basse est massive avec des voûtes surbaissées qui retombent sur des piliers intermédiaires raccordés aux murs par des arcs-boutants d’une étonnante légèreté. Grâce à ce subterfuge, l’architecte a pu établir solidement un soubassement qui devait supporter la partie haute et en alléger l’aspect en réduisant la largeur du vaisseau central. L’étage est au contraire d’une merveilleuse finesse, les vitraux multicolores tamisent une douce lumière. De splendides voûtes d’ogives retombent sur des piliers qui avancent de près d’un mètre sur le plan des fenêtres. Grâce à un jeu très subtil de colonnettes, on ne remarque pas l’importance de cette avancée. Ce procédé technique a permis à l’architecte d’ouvrir, au-dessus du soubassement plein, d’immenses surfaces pour y placer des vitraux. Sur chacun des douze piliers, est accrochée une statue d’apôtre: certaines sont anciennes, d’autres sont des copies du XIXe siècle d’après des originaux conservés au musée de Cluny. Ces statues magnifiques furent sculptées au milieu du XIIIe siècle: certaines d’entre elles manifestent déjà des tendances maniéristes que l’on verra s’épanouir à Reims quelques années plus tard. Les vitraux ne sont pas moins beaux, même si certains d’entre eux ont été exécutés un peu hâtivement. Le Maître principal apparaît comme le grand génie de l’époque qui s’oppose par son style à l’art monumental du début du siècle. Ici aussi apparaissent les tendances maniéristes qu’on retrouve dans l’enluminure contemporaine. Saint Louis avait aussi fait exécuter des objets d’art et des manuscrits pour sa chapelle, dont bon nombre existent, dispersés dans des collections publiques. Il avait encore fait appel aux plus grands artistes de son temps qui firent de la Sainte-Chapelle, pendant quelques années, le plus brillant foyer d’art du XIIIe siècle.
Encyclopédie Universelle. 2012.